Faut-il choquer pour sensibiliser ? L’art et l’écologie en question

Récemment, la Joconde du Musée du Louvre a été recouverte de gâteau par un militant écologiste, choquant le monde entier. Cette action radicale, qui a généré plus de 18 millions de vues sur les réseaux sociaux, soulève la question de la légitimité et de l’efficacité de telles méthodes dans le cadre de la sensibilisation à l’environnement. Faut-il choquer pour attirer l’attention et susciter le changement, ou ces approches sont-elles contre-productives ?​

Les revers des actions radicales et choquantes

Si les actions choquantes parviennent à attirer l’attention médiatique, elles peuvent aussi avoir des effets négatifs à long terme. Selon une étude récente, 42% des personnes interrogées après des actions de vandalisme d’œuvres d’art ont déclaré être moins enclines à s’engager pour la cause environnementale, jugeant ces méthodes trop extrêmes. De plus, ces actions risquent de marginaliser les mouvements écologistes et de les couper d’un soutien populaire plus large.

Complémentarité des approches systémiques

Cependant, les méthodes choquantes peuvent aussi jouer un rôle dans une stratégie plus large et systémique de sensibilisation. Elles permettent de déplacer les lignes de ce qui est considéré comme acceptable, ouvrant la voie à des approches plus traditionnelles et engageantes. Comme l’explique le chercheur Dominique Bourg, « ce qui aurait pu être considéré comme inutile ou extrême il y a dix ans peut aujourd’hui être mieux accepté du grand public ».

Illustrations et cas d’étude

Par exemple, les actions de désobéissance civile menées par Extinction Rebellion ont réussi à placer l’urgence climatique à l’avant-plan de l’agenda public, malgré les critiques initiales. Leurs manifestations ont ainsi généré plus de 30 000 articles de presse dans le monde en 2019. De même, les peintures jetées sur des œuvres d’art par des militants écologistes ont suscité un débat passionné sur le rôle de l’art dans la sensibilisation. Bien que controversées, ces actions ont contribué à mobiliser l’opinion publique et à faire avancer la cause environnementale.

Vers une approche systémique et engageante

Plutôt que de s’opposer, les méthodes choquantes et les approches plus traditionnelles de sensibilisation peuvent en réalité se nourrir mutuellement dans une logique systémique. Il est cependant crucial de contenir le risque de dérive de ces actions militantes, qui jusqu’à présent restent symboliques et sans heurt réel. Comme le soulignait Talleyrand, « Tout ce qui est excessif est insignifiant », rappelant l’importance de maintenir l’équilibre et la mesure dans nos efforts. 

Les actions radicales attirent l’attention, tandis que les campagnes éducatives et les initiatives citoyennes plus douces permettent d’approfondir la compréhension et de susciter un engagement durable. Ensemble, elles forment un écosystème d’actions complémentaires, nécessaires pour relever les défis environnementaux.

 

Alors que nous célébrons la Journée de la Terre, il est clair que l’action citoyenne, sous toutes ses formes, a tout son sens dans la lutte pour l’environnement. Que ce soit par des méthodes douces ou choquantes, les préoccupations des citoyens influencent les entreprises et les politiques publiques de différentes manières. Ensemble, nous pouvons relever le défi écologique, en utilisant tous les outils à notre disposition pour susciter un changement durable et engageant.

À propos de l'auteur

Anas Mbasso fondateur de Moovance, Startup à impact qui allie écologie et pouvoir d’achat pour promouvoir l’action citoyenne. Il préside également EKINOX, une entreprise spécialisée en data et IA, où il fusionne innovation technologique et valeurs humaines pour un impact positif sur la société et l’environnement.

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